Pourquoi l'Association Bretonne pour la Pêche à la Mouche s'est-elle rendue à Saint-Thélo le 1er mars 2015 ?
Voici la réponse :

Témoignage (ou révélation...) - voir aussi vos commentaires (actualisés au 24/01/2015)

Saint-Thélo, Patron des pêcheurs à la mouche

Avertissement concernant l'étonnant récit qui suit....
Suite aux nombreuses demandes de renseignements qui nous sont parvenues, nous tenons à vous dire que nous ne pouvons répondre à tous vos courriers.
Nous avons donc ajouté une
Biblio à la fin de l'article listant les ouvrages qui nous ont permis de rédiger (et d'étayer) cet étonnant récit.

 

Les amis qui ont participé au rassemblement convivial du 1er mars 2009, à Saint-Thélo dans les Côtes d'Armor, en ont conservé un agréable souvenir. Mais cette réunion ne pouvait être qu'une réussite car ce qu’ils ignorent sans doute c’est que Saint-Thélo est le patron des pêcheurs à la mouche ! Quelle révélation, n’est-ce pas ? Encore heureux que certains à l’ABPM soient là pour faire la lumière, rien que la lumière... Soyez attentifs !

On reconnaît Saint-Thélo, au premier plan, assis sur une chaise, ne partageant manifestement pas la passion de ses camarades pour leur technique de  pêche, sans doute trop peu sportive à son goût...

D'après nos recherches1, on sait (depuis peu) que St-Thélo, moine et humble pécheur, prêcheur et pêcheur, était moucheur. Ce saint homme, doté d'un caractère pas commode du tout, affectait peu la communauté de ses frères de prière. Il prenait souvent la mouche et trouvait désuet l’usage du fouet pour la pénitence, préférant une utilisation plus ludique de cet ustensile en pratiquant la pêche à la mouche. Il vint donc vivre en ermite sur les bords du Blavet, du côté de Bon-Repos, en aval de Gouarec, au 6è siècle (peut-être avant, peut-être après, on n'est pas certain de la date...) Il pêchait le Blavet (et son affluent le Daoulas) à la mouche exclusivement. Il avait bâti là, dans ce site idyllique, sa hutte de pêche au bord de la rivière (il y eut même, par la suite, à l'emplacement de sa cabane, un hôtel de pêche, tenu par des confrères à lui. Des vestiges récemment réhabilités l'attestent. Le tourisme-pêche se portait bien, à l’époque). Pour ces déplacements, St-Thélo enfourchait un cerf qu’il avait dressé - nous vous invitons d’ailleurs à le vérifier, de visu, à l’abbaye de Daoulas dans le Finistère ! Comme nous le verrons St-Thélo savait apprivoiser les animaux...

Saint-Thélo chevauchant son cerf

sculpture du 13è siécle

Abbaye de Daoulas

Finistère

On peut voir d'autres représentations (sculptures, vitraux)

de St-Thélo (ou  Saint-Théleau), notamment à Landeleau 

et Lannédern dans le 29. 

Cette révélation bouleverse évidemment l’histoire. On attribue - certains l’assurent, d’autres le sussurent - la maternité de la pêche à la mouche à l'énigmatique Dame Juliana Berners, nonesse de profession, de l’abbaye de St-Albans en Angleterre, auteur du « Traité de pêche avec une ligne »3, à la fin du 15è siècle. Que nenni ! La sainte nitouche doit en rougir dans sa tombe.

D’autres rétorqueront que, bien avant St-Thélo, Elien de Préneste (170-230), un fin lettré romain écrivant en grec, relate une méthode de pêche à la mouche pratiquée par des Macédoniens. Cet écrit émane de propos rapportés à l’auteur par on ne sait qui. Tout cela est bien imprécis : rumeur, sottise, sornette ? Allez donc savoir ?

Mais, trêve de billevesées, revenons à la vie de notre saint patron : St-Thélo se nourrissait exclusivement de moules du cru (on ne connaît pas l'espèce disparue depuis belle mulette avec la pollution) et de saumons2 qu'ils disputaient aux ours - Eux aussi disparus !

Ses mouches étaient conservées dans un bréviaire qu'il n'ouvrait que pour changer de modèle quand le poisson ne mordait pas - c'est à dire jamais ! St-Thélo n’était, en fait, pas très pieux. Il prônait d’ailleurs le « pêcher » permanent, ce qui lui laissait peu de temps pour la prière. Ses artificielles étaient faites de plumes et de poils prélevés sur la faune locale. Mais, avouons-le, Saint-Thélo n’utilisait, la plupart du temps, qu’un seul modèle de mouche, fait de poils de c... d'ursidés, prélevés exclusivement sur les organes d’animaux vivants à la période du rut - la pêche à la mouche présentait donc certains risques à l’époque... Pour les puristes précisons que les anciens écrits décrivent cette mouche de tonalité générale plutôt auburn (quoi de plus naturel, me direz-vous, avec un tel poil, sans le mauvais jeu de mots que vous voudriez bien me prêter...)

Si le prélèvement du poil spécifique d'ours est encore autorisé de nos jours, puisque la vie de l'animal n'est pas mise en danger, la tradition s'est -  hélas ! - perdue et le nombre de vocations, de veilles mains, dirons-nous, s'est effiloché au fil du temps. Les épileurs ne font plus recette, eux qui, d'un mouvement bref, furtif et précis, pile poil, arrachaient à la bête un cri et quelques crins, de quoi monter une belle mouche, à condition de courir vite.

Pour la petite histoire, apprenez que, quand les ours disparurent dans le coin, on remplaça, progressivement, sur les hameçons, leurs poils par des poils de c... de bélier, ce qui permit aux moins téméraires de pouvoir enfin pratiquer ce sport. Nous ne sommes pas en mesure de disserter sur l’éventuelle perte d’efficacité de la mouche du fait du changement de matériau [les témoignages manquent, et la tradition, hélas !, faute d’ours, s’est perdue - Oui ! A quand la réintroduction des ours en Basse-Bretagne ?] Il faut cependant noter que certains jaloux, outre-Manche, prétendent qu’ils sont à l’origine de l’utilisation du fameux poil de bélier, utilisé pour la réalisation de la Tup’s Indispensabletup : bélier]... Pfff !

En Bretagne, nous revendiquons, depuis des lustres, l’utilisation de cet illustre matériau. Pour les mouches au poil on s’y connaît...

Ci-contre, la copie d’un bas-relief d’époque, relativement bien conservé. Nous devinons la méthode de prélèvement du poil sur les organes de l’ours. Observez bien comme la bête paraît peu perturbée dans l’instant, ce qui semble prouver la parfaite discrétion du pêcheur ou sa grande maîtrise... A moins que l’attitude de l’animal ne traduise plutôt une certaine surprise, laissant présager, on le craint, une réaction aussi dangereuse qu’indignée de sa part !

Avant l’ABPM, de savants iconographes se sont penchés sur cette gravure sans en déceler le sens profond.

Pour lancer sa mouche, avec sa trique en frêne d’un seul tenant, Saint-Thélo utilisait une ligne en lin (nous ne sommes pas certain du n°, alors on préfère se taire), fabriquée par les fileurs d'un village, situé pas très loin de Bon-Repos. Ce charmant bourg auquel il donna son nom (en tant que bon client, il méritait bien cette gratitude !) mérite vraiment le détour car il perpétue la mémoire du travail du lin. Nous venons de lui ajouter une nouvelle page d'histoire...

Bien entendu c'est donc tout à fait normalement que notre saint patron s'est montré reconnaissant envers l'ABPM quand nous sommes allés lui rendre visite, en mars 2009, dans son fief de Saint-Thélo, et qu'il nous suit, désormais, en veillant au succès de chaque événement auquel nous participons.

L'Ephémère emblématique du pêcheur à la mouche
et la fleur de lin

Un petit aparté : certains viandards désignent St-Pierre, comme notre saint patron - laissez-nous rigoler. Celui-là n'était en fait qu'un pêcheur aux « buzuk » [ver en breton], qui, de plus, braconnait aux filets avec un camarade qui allait devenir célèbre pour ses pêches (soi-disant) miraculeuses - Il n'y avait pas de garde-pêche à l'époque (ou, comme aujourd’hui, insuffisamment) car l'Evangile n'aurait sans doute pas raconté la même histoire. Quelle confusion !

Rétablissons la vérité ! (une vérité qui ne souffre, bien entendu, d’aucunes contestations inutiles et malvenues). Rendons à St-Thélo ce que l'on attribue injustement à St-Pierre.

Amen

Paul Sept

Nota non béné  : St-Thélo, faisait partie d’une grande famille du Pays de Galles, égaillée sur la planète pour y répandre la bonne parole. Sachez que l’un de ses descendants les plus célèbres reste un membre de la branche amèricaine : Thélonious Monk [le moine], l’inventeur du bebop... [Etonnant ! N’est-ce pas ?]

Le Blavet à Bon-Repos - les ruines de l'abbaye en arrière-plan


Un de nos glorieux anciens (Martial Le Dortz)

Notes :

  1 D’après un cartulaire de l’abbaye de Bon-Repos de frère Kelien Ruzdu (an 1184).

Nous tairons, bien entendu, le lieu où est conservé ce manuscrit. D’autre part, frère Ruzdu, pêcheur converti, lui aussi, pourrait être à l’origine d’une mouche noyée célèbre : « la Ruzdu » que l’on attribue à André Ragot ? Loudéac, Saint-Thélo, Bon-Repos : ces lieux sont très proches... Hum..! - Nous préférons surseoir à une affirmation hâtive mais la piste semble sérieuse si on se réfère aux écrits de frère Ruzdu... dont la devise était « Croix de bois, croix de fer, si je mens j’en ai rien affaire.» (paroles reprises et ignominieusement déformées par la suite pour évoquer l’enfer !)

2 A l’époque, feu (vu la situation actuelle, le qualificatif n’est pas exagéré) le saumon remontait le Blavet pour rejoindre ses frayères du côté de Kerbastard et Kersolec en Peumerit-Quintin, près des sources du Blavet et cela perdura jusqu’à ce que Napoléon décide de sacrifier la rivière en artificialisant les deux-tiers de son cours inférieur. 

3 Notre ami Georges Mariou a récemment traduit le « Treatyse of Fisshinge wyth an Angle » attribué à Juliana Berners.

Afin de protéger ses sources d’information, l’auteur de l’article préfère garder l’anonymat... et cette raison n’est sans doute pas la seule...

 

Toute la vérité, rien que la vérité : le Blog de St-Thélo

  • Il était temps. Les langues se délient : une éminence de la pêche à la mouche en Bretagne nous signale que Saint-Thélo, avant de pêcher le Blavet et le Daoulas, a testé pour la première fois ses mouches en c... d'ours sur la rivière Arz [ours en breton]. Il nous est aussi signalé sur les bords de l'Aulne, à Landeleau - Sans doute pas le même saint, mais, comme nous l'avons écrit, il s'agissait d'une famille nombreuse.

  •  Il nous est signalé qu'un honorable membre de l'ABPM posséderait la formule de la mouche de Saint-Thélo, appelée "La Couillue", qui, paraît-il, serait toujours utilisée. L'ours étant un animal désormais protégé dans notre pays, nous aimerions connaître le matériau remplaçant le poil caractéristique de cet animal.

Enfin un descendant (et disciple) de Saint-Thélo !

    Un éminent chercheur de Saint-Brieuc, Georges L., coureur de rivière et  moucheur, nous fait part de son étonnante découverte :

 

"Après de longues et laborieuses recherches par delà les duchés de Bretagne, j'ai fini par retrouver la trace d'un descendant de Saint-Thélo, l'abbé Lorinquer ( dit : "Mab Sulon"* ).

Ce saint homme, écclésiastique de son état, exerçait son ministère du côté de Gouarec et sévissait** à ses heures perdues sur les rivières locales (Blavet, Sulon, Daoulas, etc.), en compagnie de célébrités françaises et étrangères : Tony Burnand, André Ragot, etc. Il fut recteur de Tréogan et Saint-Ygeaux, dans les années 1950. Toutes les truites qu'il capturait recevaient systématiquement l'absolution, car l'abbé ne pratiquait pas le no-kill (surtout pas !)

On le voit ci-contre avec M. Louis E. Coulin, [éminent lettré suisse, passionné de la pêche à la mouche, auteur halieutique renommé, rédacteur en chef de plusieurs revues], qui était venu s'installer à Glomel dans les années 1890, puis à Gouarec (22), dans les années 1920, attiré par la richesse piscicole de nos rivières bretonnes."

                                                                                                                  Georges L.

* Mab Sulon : le fils du Sulon en breton - Le Sulon est un affluent du Blavet qui court principalement sur  les communes de Canihuel, de St-Nicolas-du-Pélem et de Ste-Tréphine. Paul Sept a bien connu Mab Sulon.

** Le mot n'est pas fort, tant sa passion pour la pêche était grande...

Bibliographie

Un ouvrage ô combien rare !

  • Cartulaire de l'Abbaye de Bon-Repos de Frère Kelien Ruzdu, 1184 (...ou 1185) ;
  • Historia naturalis : Plinn Coz (à ne pas confondre avec Pline l'Ancien), historien local et chorégraphe (dans plinn), originaire de Sainte-Tréphine, Côtes d'Armor - ca 23-79
  • Salmon Fly-Fishing on The Upper Blavet. From The Source to Pontivy  [ Pêche du saumon à la mouche sur le haut-Blavet. De la source jusqu'à Pontivy] : Esq. Harrisson, George (père), 1822 - 152 pages, 2 planches dont 1 planche de mouches artificielles ;
  • Bears in Brittany [Les ours en Bretagne] : McSamicam, Oliver (nom de plume : Salmo), Edimburgh, 1807 ;
  • L'homme qui a vu l'ours, du côté de Laniscat - Chroniques de l'Argoat - Cahier XVII, page 53 : Viboux, Mario, 1827. La famille Viboux émigra au Canada ;
  • La cuisine médiévale au Centre-Bretagne ( Nous n'avons pas eu cet ouvrage, écrit en Breton, entre les mains)  : il contient, paraît-il, une recette originale : Comment accomoder la mulette (moule d'eau douce) : Erwan Cloareg, 1502 ;
  • Armorica : De Piscibus. De muscae [Propos sur le poisson et la mouche en Armorique] : Personnicus (de Leffi), Javius (n.d.)
  • La "Couillue", une mouche aux poils ( la 2è édition comporte un important chapitre sur l'élevage du Bélier ) : Professeur Paret  (épuisé);
  • "Réintroduire l'ours dans les Montagnes Noires, c'est possible"  - article tiré du n° 3 de Arz, le bulletin de l'Association Bretonne pour la Réintroduction des Espèces Disparues (ABRED).

Si vous connaissez d'autres ouvrages sur le sujet... A votre bon coeur

 Vous pouvez toujours essayer de retrouver ces ouvrages sur l'internet, (et nous vous en encourageons...) mais la plupart seraient, paraît-il, épuisés. Certains ont été édités à titre confidentiel. D'autres atteignent des valeurs outrancières...

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